lundi 6 avril 2009

13; Öga (inspiré d'Otto Dix)



À l'orée de l'atmosphère.

Évacué du rêve par une alarme, il (ou je) cherchait la sortie comme une ver sa soie. Un gros bouton envahissait le milieu de son front et - bien plus tard - l'infection se transmettrait jusqu'à sa moustache, sa gorge, ses muscles. Sa vision lui comprimait les tempes mais il ne s'en souciait plus. Mais il avait cessé de compter. Dans ce champs, on ne trouvait plus que des amas de corps inconscients. Rêveurs jusqu'au dernier souffle. Le dernier coup d'œil, il l'avait donné depuis longtemps; il ne regardait plus. La peur l'enveloppait comme le châle d'une amante possessive. Ses pas le tenaillaient.

Quand il arriva au cabaret des six faucilles, la musique y était reine. Un esprit ingénieux avait attaché tous les corps à des cordes qui serpentaient jusqu'au lustre. Ce lustre qui, sous la poussée mécanique d'un système de poulies, tournait lentement, animant ainsi les rêveurs de mouvements vivants. L'homme ne regarda pas et alla s'asseoir au bar. On lui servit une bière et un bol de dents cariées au chocolat.

Au deuxième étage, une salle avait été plongée dans le noir et une nation de lucioles s'y animait. Une petite table où un service de thé bien chaud avait été oubliée au centre de la salle et deux cadres vides y siégeaient. On y parlait de paix universelle et du pourrissement de l'humanisme contemporain. Un peu plus tôt, les rires s'étaient déversés sur la barbichette de Freud. Les lucioles avaient psalmodié une vieille chanson autrichienne.
D.

1 commentaire:

Anonyme a dit…

D'abord, superbe texte. J'adore l'ambiance qui en dégage.
Et puis mille merci pour ton passage sur mon propre blog.